Un enseignant m'a fait parvenir un nouveau témoignage, que je vous livre ci-dessous :
"Hier, j'étais "invité" à une journée de formation obligatoire au titre particulièrement attirant : "L'évaluation dans le cadre de la pédagogie des compétences". Conditionné par l'expérience, j'ai l'habitude de penser que ce genre de journée de formation nous tient inutilement éloignés de nos classes, ne nous apprend rien, et ne nous apporte que peu d'outils utilisables en classe. La journée devait hélas confirmer mes appréhensions.
Le rendez-vous était à 9h00 dans une école bruxelloise. Bons élèves, la plupart des enseignants étaient sur place entre 8h30 et 8h45. Les inspecteurs, qui organisaient la formation, sont arrivés entre 9h15 et 9h20. Les règlements ne sont apparemment pas faits pour ceux qui les font.
A 9h30, nous pénétrons dans les salles de cours. L'inspecteur qui nous dispense la formation nous apprend qu'il attendait une quarantaine d'enseignants. Nous sommes moins, mais c'est fort heureux, car nous trouvons à peine assez de bancs pour nous asseoir. Prévoyance, quand tu nous tiens.
L'inspecteur distribue un premier paquet de photocopies ... avant de se rendre compte qu'il s'est trompé de documents. Il faut au final plus de vingt minutes pour que chacun finisse par se trouver en possession de l'entièreté des documents. En classe, ce genre d'opération nous prend en moyenne trois à cinq minutes : la perte de temps doit être réduite au minimum afin de ne pas empiéter sur le cours proprement dit.
Nouvelle déception : la majorité des professeurs présents dans la salle enseignent en humanités techniques ou professionnelles. Les exemples distribués concernent tous l'enseignement général, dont les programmes et les "profils de compétences" sont fort différents. Il faudra attendre la fin de la journée de formation pour enfin voir un exemple d'application dans l'enseignement technique, exemple dont nous apprenons qu'il nous sera de toute façon peu utile puisqu'il n'a pas encore été "validé par l'inspection".
Autre perle de la journée : l'inspecteur insiste sur la nécessité de rédiger les questions d'interrogation dans un français simple pour "éviter que les élèves qui ne maîtrisent pas le français soient désavantagés". Vous avez dit "nivèlement par le bas" ?
La pédagogie des compétences semble, lorsqu'on y regarde de plus près, un fort intéressant outil pédagogique. Malheureusement, l'incompétence et l'amateurisme qui règnent au ministère ont rendu son application pénible et difficile à comprendre pour les vrais "acteurs de terrain", les professeurs au sein de leurs classes. Les "formations" laborieusement dispensées ne lèvent aucune incertitude et n'offrent aucune aide concrète aux enseignants qui tentent vaille que vaille d'appliquer le nouveau système.
Une dernière absurdité pour la route ? La définition du terme "compétences" dans le décret-mission de la Communauté Française n'est pas la même que celle utilisée par les commissions chargées de
rédiger les programmes."
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