Les deux passages modifiés par rapport à la version déjà envoyée aux journalistes spécialisés me concernent. Première séquence sucrée. « Le Plan Marshall, c’est la panacée ? » demande Michel Hucorne, le journaliste. « Vous savez, c’est la enième version de l’interventionnisme wallon : les pouvoirs publics vont sauver la Wallonie ».
La 2e séquence sucrée est une interview d'environ une minute au Sénat. Elle figurait partiellement dans la bande annonce de l'émission qui est passée le week-end! "Le sénateur Destexhe, grand pourfendeur du mal wallon (voix off): aussi longtemps qu'on ne s'attaque pas à ce problème majeur de gouvernance publique, plutôt de malgouvernance publique que nous avons en Wallonie et aussi en partie à Bruxelles, je ne crois pas qu’il est possible de redresser véritablement la Wallonie. Vous savez que notre système public présente quelques caractéristiques uniques au monde. La Wallonie, c’est 262 communes, 5 provinces, 133 intercommunales, 33 para-régionaux, 9 centres universitaires, 29 hautes écoles, 5 TEC alors qu’il n’y en a qu’un en Flandre, 9 sociétés de distribution du câble télé. Trop de décisions publiques dépendent encore du fait que vous avez la bonne carte de parti, l’accès à un logement social par exemple. Il y a aussi une complexité institutionnelle qui n’est pas vraiment justifiée par l’économie mais qui vise souvent à répartir entre copains les dépouilles du pouvoir ».
Pourquoi supprimer ces deux séquences dans un sujet de 26 minutes ? Si ce n’est moi qui suis en cause – j’apparais bien dans le reportage – est-ce le discours sur la malgouvernance que je lie à l’échec annoncé du plan Marshall qui a été jugé intolérable ? Plus fondamentalement, le problème posé est celui de l’indépendance et de la liberté des journalistes.
PS: La Libre Belgique, Sud-Presse, la DH et Vers l'Avenir reviennent sur cet épisode
Ce que fait Mr Philippot est lamentable !
Rédigé par : Philippe S. | 16 février 2006 à 13:23
Dans votre énumération de ce qu'est la Wallonie, il me semble que vous avez oublié un truc : "11 télévisions publiques".
Peut-être Monsieur Philippot est-il un adepte de la défense préventive ?
Rédigé par : melodius | 16 février 2006 à 13:41
Ou serait-ce un coup de Van Cau?
Comment s'informer si maintenant il y a censure, surtout que ce n'est pas la première fois au sein de la RTBF que ça arrive.
Une caricature de Madame Arena avait été censurée par M. Philippot il y a quelques mois (lors de l'affaire de la douche)
Rédigé par : Laurent Hovine | 16 février 2006 à 14:04
Pourquoi se tracasser. La personne qui se ridiculise c'est M.Philippot.
L'émission est passée et on a bien compris que le plan Marshall était la X° mouture d'un plan d'aide à la "Pauvre Wallonie".
De plus l'intervention de M.Destexhe censurée est transcrite in-extenso dans la Meuse (journal de grande diffusion).
Toute la presse en parle ce matin et je le répète M. Philippot n'en sort pas grandi.
Il ne cesse décidemment pas d'accumuler les erreurs........
Rédigé par : Cosette | 16 février 2006 à 14:27
Pour info:
Mail envoyé à l'administrateur de la RTBF
Concerne la séquence relative au Plan Marshall.
Monsieur l'Administrateur Général,
D'après la presse, vous seriez personnellement intervenu pour censurer le reportage relatif au Plan Marshall dans l'émission de Jean-Claude Defossé.
Etant donné, que les impôts de TOUS les Francophones servent à financer votre institution, pourriez-vous me dire:
- De quel droit êtes-vous intervenu dans le travail de journalistes ayant réalisés un reportage sur ce sujet ?
- Sur ordre de qui êtes-vous intervenus ?
- Votre décision a-t-elle reçu l'approbation de votre CA ? Si oui, pourriez-vous en publier le PV.
- Estimez-vous qu'il est de votre droit (ou devoir) d'agir de la sorte ?
- Les journalistes de la RTBF sont-ils obligés de suivre une ligne idéologique quelqconque ? si oui laquelle ?
Dans l'attente de votre réponse, recevez, Monsieur l'administrateur, l'expression de mes salutations.
Rédigé par : Jean-Philippe | 16 février 2006 à 14:27
Cosette, le problème, c'est que si on ne se tracasse pas, eh bien cela arrivera sans qu'on le sache et les Philippot de ce monde pourront faire ce qu'ils veulent.
Heureusement qu'il y a encore des journalistes qui ne sont pas tout à fait inféodés au pouvoir, mais regarde ce que fait par exemple Le Soir, qui ne pipe mot au sujet de cette affaire...
Rédigé par : melodius | 16 février 2006 à 14:55
Yves Thiran justifie la suppression de la séquence supprimée, dans laquelle Alain Destexhe s'exprimait sur la «mal gouvernance» de la Wallonie, comme ceci: «Cette séquence était hors de propos dans la mesure où M. Destexhe s'écartait du sujet traité».
Quelle mauvaise foi! D'un côté, on propage l'idée selon laquelle ce sont les pouvoirs publics qui vont relancer l'économie wallonne, mais, de l'autre, on refuse que ces mêmes pouvoirs fassent l'objet d'une saine critique.
Rédigé par : Une âme dans la foule | 16 février 2006 à 15:00
Mélodius
OK je suis bien d'accord qu'il fallait en parler de cette intervention inacceptable de M. Philippot mais quand je dis qu'il ne faut pas se tracasser c'est par rapport au résultat final.
Rédigé par : Cosette | 16 février 2006 à 15:02
Le fil précédent nous signale que le CA comprend 4 administrateurs MR. Ont-ils entériné cette situation ? Est-il possible de connaître leur réaction face à cette entrave à la liberté de presse. Ne pourraient-ils s’inspirer de l’exemple de O.Chastel pour s’exprimer ?.
Rédigé par : JM | 16 février 2006 à 15:09
Il y a quelques temps, dans les pages de "La Libre Belgique", Richard Miller s'en prenait à la vision biaisée de la RTBF. Ce genre d'événement confirme cet état de fait, et malheureusement, dans la brave Wallonie assoupie cette atteinte à la démocratie et à la liberté (la liberté de presse est garantie dans la Consitution) disparaîtra dans les méandres des scandales à répétition. Si pour "Le Soir", c'est seulement une tempête dans un verre d'eau, c'est peut-être l'occasion de se poser la question sur l'éthique journalistique de certains, d'autant plus que la SDJ soutient les journalistes censurés par le Ministère de l'Information.
Rédigé par : Alexandre Gilis | 16 février 2006 à 15:36
A noter quand même un passage de la Charte d'engagement de la RTBF:
"[...]agir en professionnel; cela se traduit par une déontologie stricte quant aux informations diffusées sur antenne et une exigence d’émissions de qualité tant au niveau du fond (exactitude des contenus, usage correct de la langue française,…) que de la forme (qualité du son et de l’image, respect des horaires de diffusion,…)[...]"
http://www.rtbf.be/rtbf_2000/bin/view_something.cgi?id=0133386_pagefiche
Rédigé par : Alexandre Gilis | 16 février 2006 à 15:44
Suggestion: Pourquoi ne pas poser la question au ministre de l'information, Madame la Ministre Fadila LAANAN ?
Cette question ne relève pas du Sénat. Le MR est représenté à la Communauté Française, Madame Françoise Bertieaux pourrait poser la question lors d'une session de cette assemblée.
Au moins on aurait la version "officielle".
Rédigé par : Jean-Philippe | 16 février 2006 à 16:19
Peut-être aurons nous droit aux "Etats généraux" (c'est à la mode!) sur la dépolitisation des chaînes publiques, avec un ramdam d'experts et d'acteurs de la société civile, suivis au bout de plusieurs mois d'une belle déclaration d'intention signée au Café Belga ou, mieux, au PASS...
Rédigé par : Promethee | 16 février 2006 à 17:08
"Trop de décisions publiques dépendent encore du fait que vous avez la bonne carte de parti"
M. le Sénateur, vous avez tout à fait raison, mais c'est également valable pour votre parti, le MR !!
Comme le démontre le blog de Maxime Daye, un jeune écervelé qui reconnait la bouche en coeur qu'il rentre au SPF finance "grâce à Didier Reynders".
http://mdaye.skyblog.com/index.html
( et ce petit pistonné a encore le culot de se plaindre de la paperasse)
C'est bien joli d'attaquer le PS, mais que faites-vous pour lutter contre ce genre de situation au sein de votre parti ?
Rédigé par : Robert | 16 février 2006 à 19:23
Ce qui était vraiment "gag" : la séquence avec l'un, verre de bière à la main, veston cravate, "gras", complètement coincé, .... et l'autre , verre d'eau à la main, cool, grand mince, ouvert au dialogue....
L'image est fort intéressante : un vrai poster !
CLin d'oeil et ...malgrès toutes les turpitudes rtbéennes, tout est clair !
Rédigé par : Christian Willame | 16 février 2006 à 22:30
Robert,
Si un homme politique ne peut pas critiquer un système pourri sous prétexte qu'il est membre de tel ou tel parti, on n'est pas sorti de l'auberge.
Merci pour votre lien, le texte du gamin vient de s'évaporer mais il n'est pas perdu pour tout le monde...
Rédigé par : Thierry | 16 février 2006 à 23:20
--> sur le fameux "pistonné":
Je pense ne pas inciter mes enfants à faire des études supérieures ni à leur inculquer les valeurs du mérite.
Pourquoi donc épargner pour leurs études et me perdre dans le partage de valeurs humanistes et l'apprentissage des responsabilités individuelles ?
Une petite lettre à bon port suffira pour les faire entrer à l'Etat, à 18 ans, après le permis de conduire "social" (je vous le garantis sur le quota socialiste dans 2 ou 3 ans!), et puis il y aura toujours bien suffisament d'abrutis qui bosseront dans le privé pour payer des impôts et donc leurs salaires.
Rédigé par : Promethee | 17 février 2006 à 07:28
A vous lire, ce serait honteux de travailler dans le secteur public ??? Magnifique raisonnement réducteur. D'ailleurs quel que soit le sujet abordé sur ce blog on en reveint toujours à parler des méfaits du socialisme, des bienfaits de la pensée Hayek, du mal que constitue le public et des vertus du privé. Voilà un résumé aussi caricatural que la plupart des interventions. Quelle vision manichéenne.
La vision de Prométhée (une honte de choisir un pseudo pareil pour tenir des propos aussi démago) est tout simplement magnifique. Pensez-vous donc que personne ne prenne ses responsabilités dans le secteur public ? Cette vision est aussi réductrice que de proclamer à l'encontre des politiques qu'ils sont tous des pourris.
Je me demande parmi vous combien ont déjà testé les deux secteurs, privé et public ? Personnellement, l'un et l'autre ont leurs avantages et leurs inconvénients. Mon choix est fait. A moins de devenir indépendant, je refuse de travailler à nouveau dans le secteur privé.
Pour ce qui est de la censure, je préfère ne pas m'étendre à cet égard... Mais le bras de Van Cau ne va pas jusqu'à Bruxelles, Reyers en l'occurence, pour faire pression.
Rédigé par : Super Wallon | 17 février 2006 à 09:33
Ne déformez pas mes propos ni ne me prêtez des idées que vous voulez bien croire, svp! Je n'ai jamais écris ni insinué qu'il est honteux ou dégradant de travailler dans la fonction publique.
Bien au contraire, je pense que le "pistonnage" porte le discrédit sur un ensemble de salariés. La fonction publique ne doit pas être la machine à recaser des uns et des autres, mais bien une structure moderne, mieux payée et performante au service de la collectivité.
Rédigé par : Promethee | 17 février 2006 à 09:39
NB: pour votre gouverne, la critique porte sur un individu qui se vantait d'avoir été aidé par un "libéral", alors économisez moi vos critiques sur l'équidistance!
Rédigé par : Promethee | 17 février 2006 à 09:41
Plus que la censure, qui même si elle est pratiquée, ne m'émeut pas car cela ne nous empêche pas de faire la part des choses et d'en tirer les conclusion nécessaires, ce qui me dérange profondément à la RTBF, c'est la programmation.
L'audience, bien qu'elle ne soit pas officiellement un objectif, chûte quotidiennement. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder les chiffres du JT, il a désormais la place qu'il mérite, loin derrière des séries abrutissantes programmées par RTL. Pour se défendre, la RTBF décide donc d'investir dans la série, mais en réalisant, résultat de ces cogitations : 7e ciel Belgique... pas de commentaires.
Place royale cartonne... Produisons c'est du Belge, une version grotesque qui tente de contextualiser le néant des occupations royales en saupoudrant de reportages annexes nous expliquant le travail des uns et des autres. Tout ça en moins marrant que Place royale, car nous manque alors cruellement la musique classique, le collier de perle et le sourire coincé et à la limite de l'orgasme d'Anne Quevrin. Je serais pour l'anoblir... 10 ans à suivre les grands de ce monde, cela mérite une récompense. Mais je m'écarte du sujet. Revenons donc à la gestion et à la production de la RTBF. Voilà une bonne question, c'est sa mission de service publique et ses objectifs stratégiques qu'il convient de redéfinir.
Rédigé par : Ménager de moins de 50 ans | 17 février 2006 à 09:42
Prométhée, voilà qui est plus clair ! Vous m'en voyez ravi. Comme vous le soulignez, le PS n'a pas l'apanage du piston dans l'administration, que du contraire... Souvent elle ne fait que refléter le paysage politique en place. Même si on nous prétend le contraire. Car chaque super manager placé à un poste, même s'il ne dispose pas de carte de parti, a ses préférences politiques.
Rédigé par : Super Wallon | 17 février 2006 à 09:45
Je suis frappé par le relativisme de certains par rapport à ce scandale. Est-ce, parce qu'il y a tellement matière à se scandaliser dans notre CFWB qu'on ne s'étonne plus de rien?
Ce n'est pas parce qu'un tel est pistonné par le MR, qu'un sénateur MR ne peut pas dénoncer ces pratiques. C'est même d'autant plus courageux. Enfin, quant aux services publics, c'est leur poids de plus en plus débilitant dans la richesse nationale qui est un problème et non leur existence même. Rappel : l'Etat n'existe pas. Les administrations et le secteur non-marchand (nécessaires à un certain point) sont financés par le secteur privé. Le moindre est donc d'exiger qu'ils fonctionnent convenablement puisque sur les deniers de la collectivité.
Cela vaut pour la RTBF. Pourquoi dois-je payer une redevance pour une télé qui ne représente JAMAIS mes convictions politiques?
Rédigé par : Alexis de Tocqueville | 17 février 2006 à 10:19
Et dans le privé, le piston n'existe pas ? Il ne faut pas croire que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Les copinages, les passes-droit, quand c'est pas de la promotion canapé, ça existe aussi.
Pour avoir fréquenté les deux secteurs, c'est pas plus propre d'un côté que de l'autre.
Alexis: D'accord pour la suppression de la RTBF. Je propose qu'on la remplace par National Geographic TV. Au moins on aura de belles images reposantes. ;-)
Par contre, l'Etat existe. :-)Nous en avons déjà parlé dans un autre sujet.
Rédigé par : Jean-Philippe | 17 février 2006 à 11:05
Jean-Philippe, personne n'affirme que le privé serait intrinsèquement plus vertueux que le public. Par contre, dans le privé, ce ne sont pas mes sous qu'on gaspille. Toute la différence est là.
Rédigé par : melodius | 17 février 2006 à 11:30