Débat animé et passionnel au Sénat hier sur Gaza. Et cette assemblée n'échappe pas au chantage intellectuel et à la calomnie. Ainsi à ma collègue Christine Defraigne (MR) qui s'interrogeait sur l'usage du mot "disproportionné" pour qualifier la riposte israélienne, Philippe Moureaux (PS) rétorqua "Hitler avait raison d'après vous alors".
Propos indignes et inqualifiables, mais qui sont révélateurs d'une stratégie visant a assimiler toute critique du communautarisme, de l'islamisme radical ou de l'immigration à du racisme ou à l'extrême droite. Et malheureusement ceux qui font l'opinion dans les médias ne dénoncent pas assez cet amalgame odieux.
Heureusement, même à gauche et au PS, il existe encore beaucoup de gens lucides. Dans une carte blanche, publiée hier dans le Soir, trois intellectuels de gauche et qui s'en revendiquent écrivent :
"La gauche, les partis démocratiques dans leur ensemble, ne peuvent plus se laisser piéger dans ces manifestations noyautées par des religieux réactionnaires et rejetant les principes élémentaires de la démocratie, du vivre ensemble (...) Nous nous adressons à la gauche, notre famille politique : camarades, cessez de fermer les yeux face à la montée en puissance d'un cléricalisme musulman intolérant, impérialiste et antiprogressiste !"
Après le débat au Sénat, une collègue (de gauche) que j'apprécie me dit "c'est bien dommage qu'à la manifestation il n'y avait presque pas de Belges de souche et seulement des personnes d'origine étrangère". Je ne pense pas que certains slogans (minoritaires sans doute mais tolérés par les autres manifestants) des récentes manifestations assimilant l'étoile de David au sigle nazi ou scandant "Hamas, Hezbollah, Djihad" soient de nature a améliorer les relations entre "communautés" belges. La même collègue me disait que dans sa commune (de Bruxelles) les fréquents taggages du genre juifs=SS étaient nettoyés dans les deux heures par les services communaux par une décision politique. C'est dire l'ampleur du malaise.
J'ai organisé des manifestations à Bruxelles pour la Bosnie (200.000 morts), le Rwanda (un million), le Darfour (au moins 200.000). Malgré l'appel de tous les partis, nous étions chaque fois à peine plus d'un millier. Ce qui se passe à Gaza est regrettable, mais c'est le communautarisme qui est le premier ressort de la mobilisation. A Bruxelles, selon Le Soir, la population d'origine étrangère est passée de 7% dans les années septante à 46% aujourd'hui (je suppose que les Européens sont inclus) C'est une véritable mutation démographique et sociologique avec, comme l'écrit La Libre aujourd'hui, un multiculturalisme de façade mais en réalité des quartiers cloisonnés.
Enfin, j'ai été plusieurs fois à Gaza, entre autres, comme Médecins Sans Frontières et je sais que c'est une des situations les plus tristes au monde. Il y a de quoi devenir fou avec cet enfermement total, sans aucune perspective. Mais à Gaza, les cartes de Palestine font comme si Israël n'existait pas et la politique officielle du Hamas reste de tolérer les juifs dans une Palestine entièrement islamique (et le voeu caché de les jeter à la mer). Une fois, alors que j'étais seul, une bande de jeunes m'a demandé si j'étais juif et j'ai bien senti que si je répondais oui, j'allais y passer (je ne le suis pas). Aujourd'hui, c'est à Bruxelles et en Europe que la montée de l'islamisme radical m'inquiète surtout quand je vois qu'une grande partie du monde politique préfère nier le problème.
PS. Je dédie ce post en hommage à la mémoire de Marie-Rose Armesto qui est décédée il y a presque exactement deux ans et qui, je crois, aurait été d'accord avec moi.
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